Les îles Chiloé, un autre visage du Chili

Campées entre l’océan Pacifique et la cordillère des Andes, telle une frontière naturelle, les îles Chiloé font figure à part dans le paysage chilien. L’archipel, recroquevillé autour de la grande île éponyme, compte plus d’une trentaine d’îles verdoyantes et vallonnées au charme irrésistible. Un cadre unique où le temps semble s’être arrêté. De minuscules bourgades émaillent les côtes rocheuses, où les Chilotes, dans une apparente communion avec la nature, continuent de vivre des produits de la mer et de la terre. La vie y paraît douce et tranquille. C’est d’ailleurs ce que nous diront nos conducteurs quand nous ferons du stop entre les îles : « Ici, rien ne peut nous arriver. »

Les Chilotes revendiquent haut et fort leur singularité. Tout au long de la route qui traverse la grande île, des panneaux crient leur opposition farouche à la construction d’un pont pour la relier au continent. Cette identité géographique est de plus intimement mêlée à une identité culturelle propre aux îles. Terre de légendes, Chiloé cultive en effet une mythologie qui lui est particulière. Du fait de son insularité, les traditions indigènes y sont restées bien plus fortes que sur le continent et, à l’instar de la Bretagne avec ses druides, les îles Chiloé comptent nombre de légendes pour expliquer leur création, justifier la force des océans ou encore le souffle du vent.

Entre mer et montagne, ces îles d’une surprenante beauté naturelle sont néanmoins réputées pour leur climat très humide… (tout comme la météo bretonne, encore un point commun !) Par chance, un soleil resplendissant brille haut dans le ciel lors de notre passage. Pas une seule goutte de pluie. Nous resterons trois jours dans les îles Chiloé, bien trop peu au goût d’Amélie qui se serait plu à partager davantage cette douceur de vivre. En mode pêche, nature et traditions.

Nous choisissons la ville de Castro, capitale de l’archipel, comme base d’exploration. Nous y découvrons les traditionnels palafitos, ces maisons colorées construites sur pilotis pour s’adapter au rythme des marées, et son église haute en couleurs. Entièrement construite en bois, peinte en jaune vif et violet, elle est typique de Chiloé qui en compte un grand nombre sur ses terres. Ces églises font la fierté de l’île. Elles sont un témoignage de la fusion entre les coutumes indigènes et le christianisme européen. Et, depuis 2000, seize d’entre elles sont légitimement inscrites au patrimoine mondial de l’Unesco.

Nous consacrerons une journée à la visite de ces églises disséminés dans l’archipel. L’agence Chiloétnico nous avait été conseillée pour ses excellentes excursions culturelles, mais à 75 € la journée, le tarif était bien au-dessus de notre budget. Nous nous débrouillerons par nos propres moyens ! Sans véhicule, nous décidons de nous diriger vers l’île de Quinchao, la plus facilement accessible. Depuis Castro, nous prenons le bus municipal jusqu’à la ville de Dalcahue, notre premier arrêt.

Là aussi, nous nous avançons jusqu’à son église et, avant de gagner le port pour faire la traversée en ferry jusqu’à l’île de Quinchao, nous parcourons les allées de la feria artesanal où il est possible d’acheter toutes sortes de souvenirs. Encore plus qu’ailleurs, les Chilotes revendiquent l’artisanat traditionnel, celui de la laine notamment.

À Achao, prochaine étape sur l’île de Quinchao, l’église nous ouvre ses portes. C’est la plus ancienne de la région, construite aux environs de 1730. L’extérieur n’a rien de clinquant, respecte la même méthode de construction que les autres églises, mais l’intérieur nous séduit par son extrême simplicité et par un travail du bois remarquable. Nous nous promenons ensuite le long de la jetée, comme beaucoup d’autres en ce samedi. Le temps est découvert, nous apercevons au loin le continent, jusqu’aux sommets enneigés de la cordillère !

Une dizaine de kilomètres plus loin, la petite église de Quinchao est elle-aussi à voir. Nous nous y rendons en stop, les bus ne passant que très rarement et à des horaires très irréguliers. Et bien que la route ne soit guère passante, la chance est avec nous. Deux hommes se rendent vérifier l’état de leur bateau à Quinchao et nous prennent sur leur passage. Installés à l’arrière avec un petit garçon, nous jouons au premier qui apercevra tantôt une vache, tantôt une chèvre, tantôt un oiseau.

L’église, tout près de l’eau, est très ressemblante à celle d’Achao. Notre seul regret est d’y trouver porte close.

Sur la route du retour vers Castro, nous marquons un arrêt à Curaco de Vélez, un petit village tranquille dont nous admirons l’église colorée et les anciennes maisons autour de la place, étonnamment bien conservées.

De façon plutôt improbable, nous concluons cette belle journée dans les îles Chiloé par un délicieux dîner dans un restaurant réputé de Castro en compagnie d’une artiste américaine, à commenter la campagne présidentielle aux États-Unis.

Le lendemain, dimanche, nous nous calquons au rythme des Chilotes. Après une grasse matinée, nous passons par l’église où la messe est donnée puis gagnons le port où nous déjeunons sur le pouce d’un ceviche de saumon face à la mer en ne nous lassant pas du spectacle des otaries venues quémander un peu de poisson !

Informations pratiques

Informations pratiques

Bus Puerto Montt – Castro : 6 200 pesos/pers.

Bus jusqu’à Achao (depuis le terminus municipal) : environ 3 200 pesos/pers.

   Envoyer l'article en PDF