Ushuaïa, la fin du monde

Ushuaïa. Rien que le nom fait rêver. Ville la plus australe de la planète (certes, il y a bien Puerto Williams côté chilien, mais elle a plutôt des allures de village avec ses 2 000 habitants), porte d’entrée vers l’Antarctique, Ushuaïa, rendue célèbre par les gels douche et l’émission de Nicolas Hulot que nous regardions plus jeunes, est tout un symbole. Celui du bout du monde. Et cela suffit à enflammer notre imaginaire. Nous nous représentons une ville repliée sur elle-même, isolée de tout, battue par les vents et la neige, une ville de tous les extrêmes. Nous sommes évidemment loin de la réalité…

La région d’Ushuaïa est une des plus riches et prospères du pays. Beaucoup d’Argentins viennent s’y installer pour ses conditions de vie et ses salaires plus élevés. Les fonctionnaires, notamment, y bénéficient de précieux avantages (salaires dépassant les 3000 $/mois, retraite à 50 ans, grasses indemnités) et se battent aujourd’hui pour les conserver. Nous y arrivons en plein conflit social. Les employés de la fonction publique sont en grève depuis plus de 60 jours. Des baraquements de fortune sont installés tout autour du siège du gouverneur, créant une seconde ville dans la ville.

Étape, plus qu’un incontournable, Ushuaïa continue d’attirer. Forte de ce potentiel touristique, elle s’est largement développée, collectionnant agences de voyage, boutiques de souvenirs et restaurants. Si ce n’est qu’elle est profondément marquée par son histoire pénitentiaire, la ville ne présente pas grand intérêt en elle-même. Mais il est très facile de s’en évader pour une journée de marche dans les montagnes, dans le parc national Tierra del fuego, ou encore le temps d’une virée en bateau sur le canal de Beagle.

Pour les deux jours que nous y restons, nous avons d’abord fait le choix d’aller jusqu’à la laguna Esmeralda. Située à une vingtaine de kilomètres à la sortie de la ville sur la Ruta 3, nous nous y rendons en stop (le prix des navettes est exorbitant pour la distance). Le sentier débute près d’un camp de chiens de traîneau. C’est à regretter qu’il n’y ait pas suffisamment de neige ! Mais il fait tout de même froid, le chemin est gelé et nous réserve quelques surprises… Nos chaussures transpercent la fin couche de glace et Julien manque plusieurs fois de laisser un pied englué dans la boue.

La dernière ascension avant d’atteindre la lagune est la plus épique pour nous. Amélie glisse, Julien la rattrape par les hanches pour éviter qu’elle ne dégringole et nous voilà tous les deux dans une position quelque peu douteuse… Visiblement, cela amuse beaucoup le monsieur derrière nous qui immortalise ce moment inconfortable avec son appareil. Toi qui as ce cliché compromettant, sache que nous sommes prêts à te le racheter ! Prix à débattre.

Dans l’après-midi qui suit, nous embarquons avec une quinzaine d’autres personnes pour un tour sur le canal de Beagle, liaison naturelle entre les océans Pacifique et Atlantique. Nous naviguons jusqu’au phare des Éclaireurs, souvent confondu avec le phare du bout du monde, puis nous nous arrêtons devant le rocher colonisé par les couples de cormorans et devant celui des lions de mer où l’ambiance est nettement plus nonchalante. Là, nous ne sommes plus face à un reportage télé, tout est grandeur nature. L’odeur et les fientes d’oiseaux en prime !

Sur le retour, nous faisons une brève escale sur l’île Bridges le temps d’une balade didactique sur la faune de la région. Et alors que tombe le jour, une belle lumière enveloppe les montagnes surplombant la ville d’Ushuaïa.

En bons touristes que nous sommes, nous terminons ce séjour à Ushuaïa en passant par l’office du tourisme pour faire tamponner nos passeports du sceau du bout du monde.

Informations pratiques

Informations pratiques

Croisière sur le canal de Beagle (avec Patagonia Adventure) : 850 pesos/pers.

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