Salta et ses environs

Après Ushuaïa et Buenos Aires, la région de Salta nous livre un nouveau visage de l’Argentine. Nous voici au Nord-Ouest du pays, au cœur d’un désert de terre ocre aux étonnantes formations naturelles, dans une ambiance plus métissée, moins occidentalisée.

Salta la linda, Salta la belle, est avant tout réputée pour son architecture coloniale et ses nombreuses églises. Autour de la place centrale, la cathédrale et l’ancien siège du conseil municipal en offrent un bon exemple. Nous avons plaisir à déambuler à la nuit tombée sous les arches qui entourent la place et dans les rues adjacentes quand tous les beaux bâtiments se parent de lumière. Nous regrettons seulement de ne pas avoir eu suffisamment de temps pour explorer le Musée d’archéologie de haute montagne où sont conservés les corps intacts de trois enfants incas sacrifiés retrouvés à plus de 6000 m d’altitude, au sommet du volcan Llullaillaco à la frontière avec le Chili.

Pour les voyageurs, la ville de Salta est surtout un excellent camp de base pour découvrir la région avec la Quebrada de Humahuaca, au nord, ou celle de las Conchas, vers Cafayate, au sud. Nous y faisons le tour des agences (il y en a pléthore !) pour organiser notre visite. Les excursions pour la Quebrada de Cafayate, proposées sur une journée, nous semblent expéditives, d’autant qu’elles ne comptent pas le charmant petit village de Cachi. Nous décidons donc de louer une voiture pour deux jours et de partir en toute liberté explorer le sud de la région.

Boucle sud : de Salta à Cafayate

 

Les clés de notre auto en main, nous partons de bon matin en direction de la ville de Cafayate. Pour cette première journée, nous empruntons la route 68, entièrement asphaltée. À peine trois heures plus tard, en comptant nos multiples arrêts pour contempler le paysage, nous pénétrons dans la fameuse Quebrada de las Conchas (en Argentine, le terme de quebrada désigne une gorge ou une vallée encaissée entre des reliefs montagneux) où un soleil lumineux nous accueille. Nous avons laissé la bruine et le froid derrière nous, nous nous en réjouissons !

Là, le spectacle des formations géologiques est impressionnant. La puissance de l’érosion a creusé une vallée verdoyante au cœur d’un désert aride de couleur ocre, sculptant les massifs rocheux de chaque côté. La Gorge du diable, l’Amphithéâtre, le Crapaud, l’Obélisque sont autant de noms que les habitants du coin ont donnés aux monuments de pierre les plus éloquents. Chaque virage nous dévoile de nouvelles perspectives. Nous ralentissons l’allure. Puis nous arrêtons complètement, béats devant ce décor de canyon aux couleurs contrastées sur fond de ciel bleu.

 

Une trentaine de kilomètres plus loin, nous atteignons la ville de Cafayate. Après Mendoza, elle est la seconde capitale viticole du pays, célébrée pour son vin blanc aux notes de fruits et de fleurs blanches, le torrontès. Dans la ville, de nombreuses caves sont ouvertes à la visite. Nous nous rendons à la bodega Domingo Hermanos pour y découvrir le travail de la vigne en Argentine. Malheureusement, les techniques présentées ici se vouent plus à la quantité qu’à la qualité. L’exploitation est spécialisée en vin de table, elle compte plus de 300 hectares de terrain et son objectif principal est le rendement. Seuls points positifs : un accueil agréable et une dégustation bien fournie en vins et en amuse-gueule !

Après une nuit passée dans la charmante Cafayate, nous remontons en voiture direction Salta, en passant cette fois-ci par la mythique route 40 qui n’est en réalité que de la piste sur plus de 130 km. Julien pilote. Il y laissera toute son énergie. Partis à 9h le matin, nous n’arriverons qu’à 20h à Salta… Mais les paysages traversés en chemin le valaient bien ! Nous avons slalomé entre les pointes aiguës de la Quebrada de las flechas, nous avons doublé des troupeaux de chèvres menées par de jeunes garçons à cheval, nous avons ouvert la porte de guingois d’un cimetière haut en couleurs, et nous nous sommes arrêtés dans la village de Molinos pour une pause déjeuner atypique autour d’une parilla au milieu de la rue.

Nous avons été étonnés de trouver autant d’églises tout au long de notre chemin, même dans les endroits les plus reculés, ne comptant pas plus de trois ou quatre maisons. Leurs clochers arrondis scandent le paysage. L’une d’entre elles se détache du lot : celle de Cachi, qui semble échappée tout droit d’un western, surprenante dans ce joli village aux façades blanches perché à 2200 m où il fait bon se promener dans les rues calmes et toujours ensoleillées, avant de redescendre vers la bruyante Salta en traversant des étendues surréalistes plantées de cactus et franchissant de nouveau un col de nuages (le précédent était au Vietnam, pour ceux qui aurait fait l’école buissonnière retrouvez notre article ici).

Boucle nord : de Salta à Tilcara

Les clés de la voiture remises, nous sommes de nouveau dépendants des transports en commun. Pour notre visite du nord de la région de Salta, dans la Quebrada de Humahuaca, nous avons choisi de poser nos sacs pour trois jours dans le petit village de Tilcara, que nous atteignons après quatre heures de bus. Nous sommes fatigués des sauts de puce, nous avons envie de profiter de l’ambiance argentine. Aussi, c’est avec joie que nous acceptons l’appartement que nous offre notre hébergeur, en lieu et place de la chambre double que nous avions réservée. Nous nous sommes sentis comme à la maison à Tilcara, à faire nos courses au marché pour le dîner du soir, à acheter du vin dans les petites supérettes ou encore les délicieux gâteaux maison à la banane de la Abuela Rosa. Bref, au bout de trois jours, nous connaissions le village comme notre poche.

 

Autour de Tilcara, nous avons marché jusqu’à la cascade de La Garganta del diablo (compter 8 km en partant du village). Si la chute d’eau n’est pas des plus impressionnantes, la balade est sympa et offre de beaux points de vue sur les montagnes environnantes. Nous avons grimpé jusqu’au Pucará, l’ancienne forteresse de la ville stratégiquement construite par les Indiens sur une colline en surplomb de la vallée. Aujourd’hui, il n’en reste pas grand chose sinon des tas de pierres au milieu des cactus que les archéologues se sont efforcés de reconstruire, pas toujours avec succès, pour faire revivre la cité d’antan.

Nous nous sommes également rendus à pied jusqu’au village voisin de Maimará. Là, nous avons religieusement sillonné les allées abruptes du très pittoresque cimetière du village, à flanc de colline. Nous avons pu contempler à notre guise la fameuse Palette du Peintre où la montagne, faite de grandes plaques rocheuses multicolores, aux reflets ocre, rouge ou vert, se transforme en magnifique tableau naturel. Et nous avons poursuivi notre chemin le long de la rivière à sec jusqu’à la bodega Fernando Dupont, nichée au pied de la montagne. La patronne nous en a fait la visite guidée. L’exigence et la minutie déployée ici dans le travail de la vigne nous ont rappelé celles de certains domaines de notre région. Il était évident que nous repartirions avec une bouteille calée au fond du sac à dos.

 

Sur les conseils de la charmante Amalia (ça ne s’invente pas !), nous avons rejoint Tilcara en suivant l’arête de la montagne, seuls au milieu de rien.

Informations pratiques

Informations pratiques

Location de voiture (modèle Chevrolet classic) par l’agence CDO Rent a car : 1580 pesos pour deux jours – paiement par carte (compter un peu moins en payant cash) + prévoir un plein d’essence à 500 pesos

Visite de la bodega Domingo Hermanos : 25 pesos/pers. dégustation comprise

Bus Salta – Tilcara : 170 pesos/pers

Garganta del diablo : 10 pesos/pers

Entrée Pucará: 60 pesos/pers

Visite de la bodega Fernando Dupont : entrée gratuite. Bouteille à partir de 190 pesos

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